Le mécanisme de vetting, outil de prévention nécessaire contre l’arménophobie, le négationnisme et l’apologie des républiques turques

Par Alexandre KEBABDJIAN

En l’absence de l’application d’une justice pénale contre la Turquie et l’Azerbaïdjan suite au génocide de 1915-1923, crime toujours impuni, et en l’absence de lignes directrices claires au service de la justice, de la dignité, et des réparations, de la part des organisations internationales, de l’Arménie et de la diaspora, la Turquie, l’Azerbaïdjan, et les héritiers des criminels Ittihadistes Jeunes-Turcs, ont obtenu un blanc-seing et une protection contre toute poursuite pénale.

La question de l’impunité demeure un sujet tabou au sein de la communauté internationale, ouvrant les portes à un révisionnisme rampant et à une banalisation historique.

Ce paradigme de l’impunité, accepté par la communauté scientifique, a eu des conséquences sur la vie politique, institutionnelle et judiciaire. Des personnalités considèrent qu’en raison de cette impunité, elles disposent d’une tolérance et peuvent ainsi publiquement ou au cours de réunions privées, défendre les propos de la Turquie et de l’Azerbaïdjan, de leurs dirigeants et de leurs relais, contre les Arméniens, faire l’apologie de ces pays héritiers des criminels Jeunes-Turcs Ittihadistes, dissimuler ou banaliser le génocide, justifier son impunité.

Le fait est qu’un vote, une procédure de décision publique, une décision de justice, une pétition, un discours, un écrit relatifs à Ankara, à Bakou, aux Turcs, aux Arméniens est déterminé par cette tolérance de l’impunité : les acteurs politiques, judiciaires ou institutionnels sont donc fondamentalement influencés.

Un vetting, mécanisme de contrôle indépendant, permettrait en amont de déterminer, en l’espèce, si des personnalités du monde politique, institutionnel et judiciaire, partagent une idéologie et des intérêts communs avec les héritiers des criminels Jeunes-Turcs Ittihadistes et consorts ayant perpétré le génocide de 1915-1923.

Il s’agira ici de vérifier le parcours des membres d’un gouvernement, d’un parlement, d’une juridiction, d’une administration, d’un parti politique, d’un think tank, d’une organisation régionale ou internationale, et de vérifier leur implication éventuelle dans des actions négationnistes, dans l’apologie des républiques turques génocidaires ou dans l’exploitation financière post-génocide.

Les organisations, associations, ONG associées à ces contrôles vetting devront avoir une ligne très claire face au négationnisme, au révisionnisme rampant, au double langage et au double jeu.

Passer au crible les institutions et restaurer la confiance des citoyens implique de mettre en œuvre les contrôles vetting. Ils devront s’imposer comme un outil de prévention nécessaire, afin que le crime de génocide et son impunité ne puissent plus servir de passe-droit à nombre de personnes appartenant au monde politique et public.